Une visite au Salon de l’Agriculture

Nous étions une dizaine à sautiller sur le trottoir pour lutter contre le froid mordant de cette matinée de février. Nous ? Un petit groupe d’enseignants encadré par Marie et Élise, nos guides du WebPédagogique. Quelques blagues un peu bêtes nous permettaient de masquer notre impatience, dans l’attente des derniers retardataires. Une vraie classe verte en goguette ! Et tout ça pourquoi ? Figurez-vous que l’École des Céréales nous avait invités à visiter le Salon de l’Agriculture. Vous comprenez notre impatience ?

SIA

Souvenirs du fournil

La dernière fois, nous nous étions retrouvés dans un fournil pour fabriquer du pain. Quelle belle après-midi ce fut ! Non seulement le bonheur de pétrir une pâte à pain, mais également de nous exercer à quelques gestes si simples ! Le boulanger prenait la pâte et hop ! jetait un pâton sur la balance. Pile-poil le bon poids ! Inutile de vous dire que l’on n’a pas réussi ! Pire, la « signature » des baguettes. Vous savez, ces cinq lignes qui griffent la baguette. Pour le coup, on s’est vraiment sentis bêtes à ne pas réussir aussi rapidement que notre maître à faire cinq marques droites. Une grande leçon. On se doutait bien que la boulangerie était un vrai métier, et par contrecoup, on comprend mieux ces terminaux de cuisson : enfourner les pâtons et appuyer sur le bouton est davantage à la portée de tous. L’autre grand bonheur de cet après-midi, outre déguster notre production, a consisté à écouter le boulanger nous expliquer l’influence de la météo sur l’évolution de la pâte à pain et d’autres ficelles du métier.

Des innovations prometteuses

Enfin, c’est l’heure ! Et de nous précipiter avec la foule pour franchir les portes du Parc des Expositions. Dans la cohue, on aperçoit vite la grosse machine jaune, bien ventrue. Mais pas question de s’arrêter.

La visite de l’Odyssée végétale commence par celle d’une champ de blé en herbe. Un peu plus loin, les longues tiges sèches de plants de maïs. Au dessus, planent deux drones. Notre interlocuteur, un céréalier, nous explique comment il travaille avec un organisme qui lui transmet des cartes satellites. En fonction d’elles, il peut ajuster les traitements, voire renoncer à arroser certaines parties du champ. Il nous explique que l’avenir est également aux drones. Le premier, qui ressemble à une navette spatiale, transmet des photographies du champ pour aider l’agriculteur dans le choix des traitements à faire, ou à ne pas faire. Le second, beaucoup plus gibbeux, est muni d’un gros ventre translucide ; il contient des « boules » : c’est la dernière arme biologique ! En cas d’attaque d’un ravageur, par exemple la pyrale, il déverse ces petites boules blanches contenant une espèce particulière de guêpe, ennemie du ravageur. Aucun produit chimique ! Un dosage très précis. Vivement demain ! En effet, ces techniques sont encore très chères et donc peu répandues. On avance un peu dans le champ. La grosse machine jaune dévoile peu à peu ses atours. On y est presque ! Un chercheur nous montre une sorte de pipette. Il explique que les plantes émettent des parfums qui attirent les ravageurs. L’idée ? Sentir les plantes ! En fonction du ravageur, on dégaine le parfum qui l’attire, pour le détourner des plantes ! Et ainsi, plus de traitement systématique, moins de produit chimique. Bon, il faut attendre quelques années que cela sorte du laboratoire…

Monter à bord

Et voilà, la grosse machine jaune nous tend enfin les bras. Une rutilante moissonneuse-batteuse jaune. Filles et garçons, tout le monde est impatient de pouvoir monter dans la cabine ! Si la présence de la clim’ et de l’autoradio ne nous étonne pas, ce n’est pas le cas de la « tablette » : autre chose que « l’ordi » de nos pauvres automobiles ! L’agriculteur, grâce à elle, sait exactement ce qu’il récolte et à quel endroit. Il pourra se servir de ces statistiques pour mieux travailler son champ l’année suivante. Ou, au contraire, abandonner certaines parties du champ pour cause d’insuffisance de récolte. Ce bijou de technologie coûte quand même le prix d’une maison de campagne !

Cette visite a eu pour immense intérêt de nous rappeler que l’agriculteur n’est pas seul. En amont, des gens produisent des outils, réfléchissent à la manière de traiter les récoltes. En aval, le boulanger nous permet de nous délecter. Combien il serait profitable de faire découvrir cela à nos élèves !
Et après ? Eh bien, on est allé voir les vaches. Qu’auriez-vous fait à notre place ? Mais on n’a pas trouvé Haute et son veau Olympe. Elle est pourtant sur le billet d’entrée…

Un grand merci à toute l’équipe de l’École des Céréales pour son accueil et cette belle visite.

Une chronique de Philippe Crémieu-Alcan

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